La politique fédérale au Canada

Bientôt auront lieu (fin le 14 octobre) les élections fédérales générales du Canada. J’en profite pour donner une vision actuelle du système politique fédéral et des différents partis.

Il existe 5 grands partis fédéraux au Canada. 4 sont présents dans toutes les circonscriptions :
le NPD/NDP, le parti Libéral, les Conservateurs (Conservatives) et les Verts (Green).
S’y ajoute le Bloc Québécois qui ne présente des candidats que dans les 75 circonscriptions du Québec.
Pour comprendre basiquement le positionnement de chaque parti sur un axe gauche-droite imaginaire (ponctué avec la positions des grands partis français) et avec l’axe indépendantiste en y, se reporter au schéma ci-dessous.
En réalité il faudrait une 3e dimension car en Amérique, la politique est déjà sur deux axes:
– Un axe économique, dans lequel les Libéraux sont à un extrême, les Conservateurs sont au milieu, le Bloc Québécois et les verts sont plutôt vers le socialisme, et le NPD très à gauche (c’est à dire sur ce point, équivalent à l’UMP en France, qui est le parti le moins socialiste)
– Un axe Moral et sociétal (qui comprend les questions de justice, de l’avortement, de guerre..) dans lequel Verts et Libéraux sont au centre, les Conservateurs sont alignés sur la position du parti républicain américain (donc encore plus conservateurs que le FN en France), et le NPD et le Bloc Québécois sont à fond du côté de l’athéisme et du pacifisme.

Il s’ajoute un contexte autour de chaque parti :
Stephen Harper, chef des conservateurs et actuellement au pouvoir, mène une politique assez semblable aux républicains modérés des états-unis. Il soutient donc la guerre, les armes à feu, et d’autres choses qui sont pour les européens, inconcevables. Il vient de l’Alberta, une province qui donne régulièrement 100% de ses sièges aux conservateurs, et est donc assez lié au milieu du pétrole Canadien. C’est pour cela qu’il a refusé plusieurs fois d’appliquer le protocole de Kyoto, le qualifiant de ‘complot socialiste’.
A côté de ces points très nuls, Harper est quand même le représentant des canadiens et québécois ruraux et attachés à la religion, ce qui lui vaut continuellement des attaques de la part des partisans de la bien-pensance qui ne tolèrent pas qu’on puisse diriger un pays et être pour plus de police et attaché aux valeurs chrétiennes traditionnelles (= plutôt contre l’avortement et la légalisation des homosexuels).
Bien qu’on lui prête toujours un agenda ‘caché’ sur ces sujets, Harper n’a pas remis en cause significativement les lois libérales sur les moeurs mises en places par ses prédécesseurs.
Inutile de dire qu’en tant que Catholique, les positions morales de Harper me semblent les plus justes, mais que les autres aspects de son parti sont assez horribles, notamment ses liens avec les républicains américains, la guerre et le pétrole.

Stéphane Dion, chef des Libéraux depuis la défaite de Paul Martin, est un sale libéral comme je ne les aime pas. Imbu de lui-même, parlant un français impeccable (sa mère est française et il est québécois), il est considéré par les québécois comme un traitre à la nation, ce qui explique les scores relativement faibles des libéraux au Québec : en fait seuls les anglophones votent pour le parti Libéral au Québec (qui est donc en force dans l’ouest de Montréal). Les francophones de gauche qui ne sont pas indépendantistes lui préfèreront le NPD.
Traitre car c’est lui qui a rédigé la ‘loi sur la clarté’ dans laquelle Ottawa définit unilatéralement les règles qu’un éventuel référendum au Québec sur l’indépendance du Québec devra respecter. On peut résumer sa position en trois points :
* 1 La question devra être claire, et sa clarté sera jugée par Ottawa
* 2 Le résultat devra être sans appel et ce critère sera aussi jugé à Ottawa (ce qui laisse sous entendre qu’il faut environ 60% pour le Oui, ce qui sauf changement majeur est impossible à cause des anglophones et des naturalisés dont la proportion augmente rapidement au Québec)
* 3 La négociation sur l’indépendance du Québec sera faite au bon vouloir d’Ottawa si les deux premières conditions sont remplies, et l’intégrité territoriale du Québec ne sera pas garantie !!!
Autant dire que le parti Libéral est le plus anti-francophone de tous. Tous les gouvernements libéraux ont été d’ardents fédéralistes, beaucoup plus que les conservateurs.

Gilles Duceppe (http://www.presentpourlequebec.org/Accueil.aspx) : le chef du bloc québécois a un passé de gauchiste et axe toute sa campagne sur l’opposition à Harper, car les conservateurs sont le parti no 2 au Québec, voire no 1 dans le Nord. Il s’agit donc purement d’un calcul politique pour gagner plus de sièges, et aussi idéologique. Ce positionnement à gauche du BQ est dangereux car les indépendantistes ‘de droite’ (du style ADQ) risquent de voter conservateur. Le BQ est ainsi le seul parti qui a toujours soutenu à l’unanimité l’avortement et les couples homosexuels. Alors certes, les québécois sont en moyenne la province la plus ‘libérale’ en moeurs du Canada, mais cela cache une grande disparité entre le nord et le sud, la campagne et les villes. Il faut aussi rappeler que le BQ est né au début des années 90. À cette époque, frustrés par l’échec des divers négociations sur la constitution canadienne (notamment l’accord raté de Charlottetown), une grande partie des québécois basculent vers le nationalisme. Le BQ est créé pour appuyer à Ottawa un éventuel processus d’indépendance du Québec dans le cas d’un référendum positif. Depuis cet échec, la pertinence du BQ est régulièrement remise en cause. De nos jours, non seulement l’appui pour l’indépendance stagne vers 40%, mais de plus la glissade du parti vers la gauche l’empêche de faire le plein de voix.
Enfin les adversaires du BQ notent qu’un parti créé uniquement pour être dans l’opposition, et dont les propositions sont rarement adoptées, n’est pas très utile.

Perso je pense que le BQ reste important en tant que seul parti fédéral qui appuie clairement des textes comme la demande de plus de liberté pour les provinces, ou l’augmentation des lois de défense du français. Cependant, et je développerai cela plus tard dans un autre article, il faut s’adapter. Le défi des années 2010 pour le Québec sera de réussir la francisation (linguistique ET culturelle) des immigrés. Comme l’indépendance n’a pas le vent en poupe, il faudrait réunir les québécois autour d’un projet plus consensuel comme l’autonomie. Faire du Québec une sorte de pays autonome au sein du Canada, dans une confédération. Le Québec n’aurait toujours pas de siège à l’ONU mais pourrait récupérer entièrement les compétences de police et de justice, de transports, de santé, d’éducation (ou le fédéral ne cesse de lancer des programmes), de taxes. Bref ce serait un état ayant librement accepté de confier sa sécurité et sa monnaie au grand frère ‘Canadian’. Cela voudrait dire tourner la page sur le ‘Canada français’, accepter que le Québec soit un état unilingue francophone (donc supprimer les écoles en anglais) et que le Canada soit unilingue anglais. Un peu comme en Belgique, il faut fixer des frontières linguistiques. Certes il reste 1 millions de francophones hors du Québec, mais en dehors des 3/4 qui vivent près des frontières, vers Ottawa ou Moncton, le déclin est très rapide. Le taux d’assimilation des francophones ailleurs atteint les 70% ce qui signifie qu’à ce rythme, en deux générations les francophones passeraient de 250 000 à 28 000…. Donc voilà, ceux qui veulent rester francophones, qu’ils reviennent dans la mère patrie (car de toute façon les francophones de l’ouest canadien sont des québécois qui y ont émigré après la conquête de 1763), sinon tant pis..
Cette autonomie accélérerait la recomposition linguistique du Canada. Le français chez les canadians tomberait vite de ses 4% actuels vers 1%, alors qu’au contraire au Québec on monterait vite de 80 jusque 90%.
Bref, cette autonomie est LA solution. Encore faudrait il que les québécois le voient et malheureusement, la situation actuelle dans la jeunesse du Québec, est au creusement entre une minorité qui se réduit et veut l’indépendance (mais ce noyau dur représente à peine 25%), et une majorité indifférente, nulle en orthographe et fière de parler une sorte de frenglish à Montréal : tous ces jeunes qui parlent en anglais aux immigrants, aux hispanophones. Ceux que j’entends discuter que les immigrés devraient leur parler en Anglais ‘car au moins la on les comprend alors que quand ils font des efforts en français on comprend pas’ (oui j’ai entendu ça et c’est une mentalité courante chez les jeunes québécois francophones!!!)

Jack Layton dirige le NPD, un parti de gauche qui monte et pourrait bien supplanter les libéraux comme opposition officielle bientôt. C’est un parti plus jeune, plus proche des attentes des canadiens qui commence à douter de l’utra libéralisme, vu ses ravages chez le voisin états-unien. Jack Layton est né au Québec et parle mal français, ce qui illustre bien comment les anglophones de Montréal, et encore plus de son temps, vivent en circuit fermé.

Elisabeth May représente le parti vert, proche du parti Libéral, mais écologiste comme son nom l’indique. Ce parti a dépassé les 5% aux dernières élections et devrait faire encore mieux, mais le système canadien l’empêche d’avoir des députés.

Le système est pourtant plus juste qu’en France : le candidat qui arrive en tête au 1er tour est élu. Il n’y a qu’un tour.

Les autres partis : ils représentent en cumulé à peine plus de 1% des voix, en plus ce sont souvent des indépendants. Notons en deux: un parti chrétien, le CHP (Canadian Heritage Party – www.chp.ca) qui est le 6e parti du Canada en importance et représente 0.2% des voix en ayant des candidats seulement dans 1/7e des circonscriptions.
Et le Parti Action Canadienne (canadianactionparty.ca), un parti génial qui dénonce la mainmise des banques sur l’économie, l’union nord américaine qui se prépare en secret, l’arnaque du 11 septembre… bref le seul parti au monde qu j’ai vu dénoncer les problèmes de fond de la politique, à savoir le mondialisme du group Bilderberg et ses potes.

Canada

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